Garnier-Thiebaut de l'intérieur avec Remy, ennoblisseur

publié par Mélanie Hodeau, dans 200 ans de Savoir-faire

“C’est une boîte qui tourne, sur 30 ans j’ai eu le temps de la voir évoluer. Précédemment chaque personne était affectée à son propre poste de travail et y’avait le blanchisseur, qui restait blanchisseur, le rameur, le laveur, le teinturier voilà ils étaient toujours affectés à leur poste. Aujourd’hui les opérateurs arrivent le matin et ils découvrent là où ils vont aller. 

La méthode de travail a évolué, les machines ont évolué aussi, des machines plus modernes, un peu plus rapides et puis la charge de travail n’est plus la même. A l’époque on passait des kilomètres de tissu à longueur de journée alors que maintenant c’est plus nécessaire de blanchir tous les jours. 

Le but c’est d’ennoblir le tissu qui sort du tissage brut de décoffrage. Tous les tissus qui entrent à la Corbeline (le site d'ennoblissement de Garnier-Thiebaut dans les Vosges) sont "visités" c’est-à-dire contrôlés pour voir si le tissu est conforme au cahier des charges. Ensuite, on blanchit le tissu à l’aide de produits chimiques puis on va le merceriser. Le mercerisage, ça consiste à passer le tissu dans de la soude pour apporter de la brillance, du gonflant à la fibre, ce qui va faire ressortir le dessin jacquard. Après, on va le laver, le neutraliser, pour faire descendre le Ph. Il sera ensuite séché et apprêté. L'apprêter c’est faire différents traitements sur le tissu, essentiellement de l'azurage, de l'adoucissage ou des traitements Green Sweet (anti-tache). 

Après vient le blanchiment et des fois ça ne pardonne pas ! Quand on fait une erreur sur un traitement, on ne peut pas revenir en arrière et là il faut remonter toute la chaîne, il faut repartir dès le départ et retisser si c’est nécessaire. 

Moi j’avais pas la prétention d’avoir de grandes ambitions vu mon cursus de départ. Je n’ai pas vraiment de cursus scolaire. J’ai essentiellement une formation de papetier à la base, rien à voir avec le textile. Et après je suis parti en service militaire. En revenant, il fallait que je trouve du boulot, j’ai donc eu l'opportunité de rentrer chez Garnier-Thiebaut en 1992. A l'époque, j’étais rabouteur de pièces. Ça consiste à rattacher les bouts de tissus entre eux avec une machine à coudre. A la base on apprend sur le tas, mais on a quand même des formations. J'ai suivi une formation de management parce que ça c’est pas inné de gérer du personnel. Aujourd’hui je chapote un petit peu le personnel. Je fais aussi bien de la maintenance, du soutien sur les machines, de l'administratif que de l’organisation des personnels. Le quotidien c’est assez plaisant, on fait un peu de tout.

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